
Un citoyen comorien a été arrêté à Madagascar et renvoyé aux Comores, par les autorités malgaches à bord d’un vol spécialement affrété pour l’occasion.
Il s’agit d’un anjouanais répondant au nom de Insa Mohamed, plus connu par son surnom « Bouboucha ».
Il est accusé d’être parmi les comploteurs présumés de « l’attentat » raté visant à faire exploser en plein vol l’avion devant emmener Azali Assoumani le 21 avril d’Anjouan vers Moheli.
Le commissaire du gouvernement auprès de la Cour de sureté de l’Etat, Mohamed Abdou avait révélé devant la presse, le 22 mai 2020, l’existence de cette « conspiration. »
Le locataire de Beit salam l’aurait échappé de justesse, puisque paraît-il, les forces de l’ordre auraient refusé l’accès au colis dans lequel était dissimulé la bombe artisanale.
Ainsi l’engin explosif serait tombé de la moto sur laquelle il était transporté et a explosé blessant grièvement le conducteur sur les membres inférieurs et soufflant au passage une maison avoisinante.
Bouboucha est accusé d’être l’un des deux artificiers qui ont concocté cette bombe pouvant être déclenchée à distance. 19 personnes avaient été placées en détention préventive, et 3 autres sous contrôle judiciaire. Mohamed Moina de Mbeni, accusé d’être en liant avec ce plan avait également été arrêté à Ngazidja.
Le procureur Mohamed Abdou affirmait lors de ce point de presse, il y a 2 mois, que les commanditaires présumés de ces actions subversives sont à Mayotte, Madagascar et en France. C’est donc en remontant le réseau qui se trouve à Mahajunga que Bouboucha aura été arrêté.
L’opposition critique la collaboration malgache
Les autorités militaires malgaches et comoriennes entretiennent des bonnes relations. En janvier 2020, s’est tenue une formation sur la protection des hautes personnalités au profit des agents du GSHP et de la Gendarmerie comorienne, entre dans le cadre de la Coopération militaire entre les Comores et Madagascar.
Les formateurs étaient issus du commandement militaire malgache. il n’est donc pas étonnant que Bouboucha soit remis à la Gendarmerie comorienne par leurs homologues malgaches.
Du coté de l’opposition comorienne cette collaboration fait grincer des dents. Les opposants se demandent comment le gouvernement malgache qui se veut démocratique, peut coopérer avec un régime qui pour eux, est de nature dictatoriale et bafoue les droits et libertés de ses citoyens, selon leurs dires.
L’opposition s’interroge également, sur le fait que Bouboucha n’a apparemment ni eu droit à un avocat, ni soumis à aucune procédure judiciaire à Madagascar. Ils parlent d’un kidnapping pur et simple effectué sans le moindre regard pour les droits de l’accusé.
Il clame son innocence dans un ancien message audio
Un ancien témoignage audio de Bouchacha circule sur les réseaux sociaux. On y entend l’accusé se plaindre des rafles et expéditions punitives à Anjouan, particulièrement à Hasimpao vers juillet 2019. Il y pointe du doigt une descente des forces de l’ordre dans cette localité durant laquelle elles auraient terrorisé la population et dévalisé des magasins.
Dans la maison de Bouboucha ils ont emporté une forte somme d’argent qui selon lui été destiné à la réhabilitation du réseau d’eau courante de Hasimpao.
Durant ce message d’une dizaine de minutes, l’ancien candidat au poste de gouverneur d’ Anjouan, affirmait être à Mayotte et niait déjà toute implication dans les troubles fomentés sur son île. Il soulignait qu’il s’est présenté aux élections pour vaincre Anissi Chamsidine dans les urnes et non par les armes. Il en ressort qu’il y a une animosité manifeste entre lui et le Chef de Dar Najah.
Pourquoi ce climat délétère?
Depuis le retour au pouvoir d’ Azali Assoumani en 2016, les Comores ont renoué avec ses vieux démons. Une augmentation exponentielle des tentatives de putschs présumées. Il est important que le pouvoir actuel se demande, qu’ont-ils fait de mal pour mériter autant de haine de la part de leurs adversaires?
Il ne s’agit pas uniquement de soif de pouvoir. Cette amour insatiable pour le trône existait également sous Ikililou Dhoinine, pourtant, ses ennemis ne passaient pas leur temps à étudier comment faire exploser son avion, ou faire sauter sa voiture avec une mine.
Une introspection gouvernementale est nécessaire car aucun pays ne se développe sous un climat de terreur et d’attentats réels ou supposés. La sécurité est un indispensable au progrès.
Mohamed Moussa « al Comorya »
Catégories :Infos & actu, Siasa
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