
Un communiqué du Chef d’Etat Major de l’Armée comorienne, Youssouf Idjihadi, annonce la radiation d’un militaire des FCD, Forces Comoriennes de Défense, pour comportement portant atteinte à la dignité et au renom de l’armée. Ce soldat détenu à la Brigade des mineurs de la Police Nationale, est accusé d’agression sexuelle sur une mineure. La célérité avec laquelle la grande muette a sanctionné un de ses membres est à saluer.
Ces dernières années, les affaires de viols sur mineurs défraient régulièrement la chronique dans notre pays. A tel point que lors de son discours du 6 juillet 2020 Azali Assoumani a déclaré:
« je m’engage ici, en ce jour symbolique, à prendre des initiatives et des mesures, dans les jours et les semaines qui viennent contre la recrudescence inquiétante des actes de violence et des agressions, en particulier contre les enfants et les femmes, dans nos îles. «
Le plus inquiétant, c’est l’impunité et l’écœurante bienveillance de certains pans de la société comorienne envers les agresseurs. Afin de ne pas ternir un soit disant honneur d’une famille, ou d’une localité, certains protègent des monstres ou tentent de justifier leurs crimes sexuels.
La culture du viol est un phénomène mondial, comme le mouvement #Metoo l’a démontré. La seule différence est que dans notre contexte local, rien n’est fait pour que les prédateurs soient mis hors d’état de nuire.
L’omerta, la loi du silence est devenue la norme. Il est fréquent qu’une mère camoufle le viol de sa fille ou son fils par un proche pour ne pas attirer « l’opprobre et le déshonneur » sur la famille. Des parents se mobilisent se cotisent parfois pour tenter de graisser la patte à un juge véreux pour qu’un violeur soit remis en liberté. Un village a voulu bannir une famille, accusée de ternir la réputation de cette localité, pour avoir osé dénoncer les viols dont leurs filles ont été victimes.
La multiplication d’associations oeuvrant dans la protection de l’enfance a permis, que les langues se délient. Ce sont les autorités qui ne prennent pas à bras le corps, cette lutte contre les violences sexuelles. Ce laxisme et ces crimes impunis sont autant d’incitations à la culture du viol. Même les autorités religieuses ont perdu leur crédibilité par leur silence complice ou parfois le soutien d’un des leurs accusé de viol.
Pour enrayer ce phénomène, la justice doit se montrer d’une sévérité exemplaire. Une campagne de sensibilisation à l’échelle nationale doit être menée. La honte doit changer de camp.
Mohamed Moussa « Al Comorya »
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