
Ntsudjini et Genève sont des villes jumelées involontairement par l’actualité comorienne. Il y a une corrélation indéniable entre l’acharnement que subit la cité du Sultan Msa Fumu et la manifestation de l’opposition devant l’ONU en Suisse.
La répression féroce qui s’abat sur cette ville n’est pas la conséquence de la courte célébration de l’indépendance par l’opposition qui n’a duré qu’à peine 10 minutes.
C’est ce qui se déroulait aux abords du lac Léman le 6 juillet qui a provoqué cette furieuse réaction du gouvernement comorien.
Il faut tourner le regard vers la Confédération Helvétique, pour comprendre les raisons de la colère qui fait rage sur les hauteurs d’Itsandraya.
Mouigni Baraka est recherché pour avoir donné mandat à une ONG internationale pour représenter le CNT auprès de l’ONU. C’est cet organisme qui est à l’initiative de la table ronde de Genève. La cérémonie du 6 juillet est un prétexte pour intervenir.
Tant que Mouigni Baraka gardait le silence et s’occupait de sa boulangerie et d’agriculture dans ses champs, il était considéré comme inoffensif par le gouvernement. Il y avait une sorte de pacte de non-agression tacite, entre les deux protagonistes. Il semble que dès lors qu’il a décidé de réellement s’opposer à Azali Assoumani, il est immédiatement devenu la cible des autorités.
Depuis, il est en fuite. Sa maison a été retournée de fond en comble par les forces de l’ordre. Hier, il a lancé un appel de détresse et un communiqué du CNT demande qu’il soit mis sous la protection des Nations-Unis.
L’ancien gouverneur sentait le vent tourner en sa défaveur. Il avait pris à témoin la presse il y a quelques semaines évoquant plusieurs tentatives d’arrestations qui ont échoué.
Il avait rappelé à Azali les « services » qu’il lui avait rendu, en 2016, lorsqu’il a appelé le candidat Mamadou, le président Ikililou Dhoinine et le Chef d’Etat Major Idjihadi pour leur demander d’accepter la proclamation D’azali comme vainqueur, afin de préserver la stabilité du pays.
Mouigni Baraka est le seul opposant encore en liberté, ayant un fief et jouissant d’un réel soutien des siens. Il est arrivé devant Azali lors du premier tour de la présidentielle de 2016.
Pendant longtemps il a fait profil bas et ne s’opposait que du bout des lèvres. S’il est emprisonné ou exilé, il en sera fini de l’opposition comorienne à l’intérieur du pays.
Tous les leaders ayant un soutien populaire, de Sambi à Mamadou, en passant par Ikililou, Salami, Hassani Hamadi et Nourdine Bourhane sont tous en résidence surveillée ou en exil.
Selon toute vraisemblance le pacte de non-agression entre lui et Azali est désormais rompu et les deux hommes sont à couteaux tirés.
Mohamed Moussa « Al Comorya »
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