Edito: 6 juillet, pour un souverainisme économique

A l’approche de la fête de l’indépendance, il est important d’engager une nouvelle réflexion sur tous les aspects de notre souveraineté nationale. 

Beaucoup font l’erreur de croire que 1975 était l’aboutissement de la lutte pour l’indépendance. Or le 6 juillet était supposé être le début et non la fin, du combat pour l’émancipation des Comores dans tous les domaines.

Les héros de la libération, ne nous ont pas livré une maison toute faite. Ils ont défriché un terrain qui était en jachère, ils l’ont viabilisé, ils ont posé les fondations, pour que les générations suivantes hissent les murs, posent le toit et que chacun apporte sa pierre à ce formidable nouvel édifice qu’est l’ Etat comorien.

Mais au lieu de nous retrousser les manches, notre génération pourrie gâtée se plaint de la maison inachevée dont elle a hérité. Nous oublions qu’il nous incombe de parachever le chantier entamé par nos vaillants prédécesseurs. Que si les travaux n’avancent pas, ce n’est pas de la faute des pères fondateurs mais de la nôtre, qui n’avons pas su nous hisser à la hauteur des responsabilités qu’ils nous ont légués.

Ils ont décroché l’indépendance politique. Il nous revient  de contribuer à l’émancipation  du pays dans le domaine économique et regagner notre souveraineté monétaire, à l’heure où l’Afrique s’affranchit de la tutelle de la zone franc.  

Souveraineté alimentaire

 Nous devons nous plancher sur l’autosuffisance alimentaire. Contrairement aux idées reçues aux Comores nous ne souffrons pas d’insécurité alimentaire. Ce qui nous fait défaut et qui doit devenir notre ultime objectif, c’est la souveraineté alimentaire. 

Vous me dirait quelle est la différence entre entre sécurité et souveraineté alimentaire? Un pays atteint la sécurité alimentaire lorsqu’il peut produire sa propre nourriture ou si il a les moyens  l’acheter à l’étranger. 

Quant à la souveraineté alimentaire, elle signifie que vous produisez vous-même, votre propre nourriture en quantité suffisante, sans avoir besoin d’en importer. 

 Dans un monde tumultueux dans lequel nous vivons, la souveraineté alimentaire est ce qu’il y a que plus fiable. Le Qatar  l’a appris à ses dépends.  L’Émirat du Golfe dispose d’une sécurité alimentaire. Il peut importer tout ce qui est possible et imaginable. Mais lorsque ses relations se sont détériorées avec ses voisins, qui lui ont imposé un embargo, malgré sa richesse, il n’y avait plus de lait dans les rayons des supermarchés de Doha, car les qataris n’en produisaient pas.

Aux Comores nous ne sommes pas confrontés à une insécurité alimentaire, dans le sens où nous avons les moyens financiers d’importer, par exemple les 50 000 tonnes de riz annuels nécessaires à notre consommation nationale. Ce qui nous manque c’est une souveraineté alimentaire. Que ferons nous si les voies maritimes sont bloquées pour une raison ou une autre? Nous importons quasiment tout. Notre déficit commercial est abyssal, il s’élève à 23 milliards kmf, rien que pour le premier trimestre de 2020. 

Nous dépensons jusqu’à 4,5 milliards kmf par trimestre, soit  environs 3 millions d’euros par mois donc 36 millions d’euros par an, pour importer de la viande de l’extérieur. Pourtant la production de produits carnés n’exige pas une expertise démesurée hors de notre portée. Nous savons élever des poules et des bœufs. Il nous manque juste une organisation efficiente de la filière agro-alimentaire pour que nos 36 millions d’euro n’aillent pas chaque année enrichir des étrangers mais contribuent à créer des millionnaires comoriens.

Indépendance énergétique

Les importations de produits énergétiques s’élèvent à 11 milliards pour le premier trimestre de 2020. Une grande partie est destinée aux centrales électriques. Pourtant la technologie photovoltaïque a élargi le champs des possibles. Nous sommes capables d’atteindre une indépendance énergétique en combinant le solaire et l’hydroélectricité et économiser des milliards qui pourront être investis dans l’éducation ou la santé.

 La pandémie oblige le monde a rabattre les cartes et à repenser la mondialisation. Partout la priorité est donnée à la production locale. C’est le retour des égoïsmes nationaux.  A la veille des 45 ans de notre indépendance, c’est l’occasion de revivifier la flamme de notre souveraineté nationale dans tous ses aspects. C’est aujourd’hui que se prépare demain.

Mohamed Moussa « Al Comorya ».



Catégories :Eco & Finances, Edito & Opinions, Infos & actu

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