Le Chef de la diplomatie Comorienne, Mohamed El-Amine Souef a fait part devant la presse de ses vives protestations suite aux « informations divulguées par l’Ambassade de France » concernant le cas d’un Franco-Comorien rapatrié des Comores et qui a été testé positif au covid-19 à son arrivée à Mayotte.
Hier, mercredi 15 avril, un courrier adressé au Ministère des Affaires Étrangères par de l’Ambassade de France à Moroni a fuité sur les réseaux sociaux. On y apprend que le patient, un homme de 51 ans, a séjourné du 3 Mars au 13 avril aux Comores.
La lettre se conclut en invitant le gouvernement Comorien à agir en conséquence: » l’Ambassade de France auprès des Comores a jugé utile de partager ces informations avec les autorités Comoriennes, afin que celles-ci soient en mesure de prendre toutes les décisions arrêtées par décrets du gouvernement Comorien, qui s’imposent dans un tel cas de figure: mise en isolement et sous surveillance médicale, pendant quatorze jours, des personnes ayant eu des contacts avec le malade. »
Dans un communiqué, le ministère des Affaires Étrangères « déplore l’inélégance des autorités Françaises. » Il accuse la préfecture de Mayotte de mener une campagne de désinformation « au sujet des mouvements vers Mayotte depuis le reste de l’archipel des Comores. En effet, l’Union des Comores enregistre des passagers provenant de Mayotte par kwassa qu’elle continue à mettre en quarantaine pour protéger la population et les résidents dans les trois îles. »
Souef El-Amine a qualifié, hier soir, l’attitude de la France de « théâtre dans le théâtre. » Cet après-midi, Il a fustigé en des termes peu diplomatiques le préfet de Mayotte et la directrice de l’ARS, Dominique Voynet.
Souef El Amine accuse l’administration Française de laxisme dans la lutte contre les traversées en kwassa, contrairement aux forces de l’ordre Comoriennes qui ont arrêté et brûlé plusieurs embarcations en provenance du territoire Mahorais. Plus grave, il a accusé les autorités Françaises d’être intervenu auprès de lui, pour faire libérer un passeur. Preuve selon lui, qu’au lieu d’agir contre eux, la France protège et exige la libération de trafiquants d’êtres humains. Une bombe est lâchée.
L’escalade verbale entre les deux pays est montée d’un cran à la suite des déclarations fracassantes de Madame Voynet qui déclare que le Mufti des Comores Saïd Toihir est décédé du COVID-19. Selon elle, un cardiologue de Mayotte qui a examiné un scanner du Mufti a formellement identifié un Covid. Les autorités Comoriennes auraient été alertées depuis le 8 avril. Une autre bombe.
Cette révélation met le gouvernement Comorien au pied du mur. On se demande pourquoi la France qui est un grand soutien d’Azali Assoumani, qui lui a déroulé le tapis rouge et réservé les honneurs militaires aux invalides, qui a co-organisé la conférence des bailleurs de fond à Paris, mentirait et déstabiliserait son protégé.
De toute évidence, les autorités Comoriennes ne jouent pas la transparence et l’on se dirige tout droit vers un scandale sanitaire, dont la France ne souhaite pas être complice.
Mais Moroni continue de réfuter mordicus la présence du Covid-19, avec le soutien tacite et coupable de l’antenne de l’OMS aux Comores. Le Ministre Souef, répète à qui veut l’entendre que les personnes rapatriées n’étaient que de passage: « le point de départ n’est pas ici, nous savons très bien que Mayotte est contaminée ». Il sous-entend ainsi que le patient aurait été contaminé avant son arrivée aux Comores.
Il est essentiel de se souvenir que le premier cas de covid-19 à Mayotte a été identifié le 14 mars. C’était un homme en provenance de l’Oise qui est arrivé à Mayotte le mardi 10 mars. Or le patient Franco-Comorien est arrivé aux Comores le 3 mars, bien avant que la pandémie se déclare sur le territoire Mahorais.
Selon l’Ambassade de France, L’homme présentait des symptômes le 13 avril. Le délai entre l’infection et les symptômes n’est pas inférieur à 5 jours et peut aller jusqu’à 14 jours.
Où le patient a-t-il été contaminé? Nul ne peut l’affirmer avec certitude. Mais si l’on regroupe tous ces éléments, il y a une certitude, c’est qu’il portait le virus durant son séjour aux Comores et il a pu contaminer les personnes avec qui il était en contact.
Nous ne pouvons pas attendre 10 jours de plus sans dépistage. Le gouvernement de notre pays doit se ressaisir et redresser la barre. Lorsqu’il s’agit d’une question de vie ou de mort, il faut savoir ravaler sa fierté pour nous épargner des pertes en vies humaines. En jouant la carte de la transparence, il en sortira grandi. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
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